Le Faso Dan Fani
“Pagne de la patrie” au Burkina Faso
On retrouve des mentions du Faso Dan Fani dans les écrits d’anthropologues et explorateurs du XIXe siècle. Ancestralement, ce sont les Mossis, une ethnie présente au Burkina Faso, qui cultivent et transforment le coton, au gré des saisons (humide pour la culture, sèche pour le tissage). Les rôles sont partagés : le coton, une fois récolté, est filé et teint par les femmes tandis que les hommes le tissent ensuite sur leurs métiers à tisser horizontaux. Ils confectionnent ainsi des bandes plus ou moins larges, ensuite assemblées pour faire un pagne.
Traditionnellement, le tisserand, homme donc, est aussi griot. Plus que simple producteur d’une étoffe, il occupe un rôle essentiel dans la transmission et le lien avec les divinités, et cela est commun aux différentes ethnies. Au fil des allers-retours de sa navette, il tisse une histoire, il imprègne l’étoffe d’un sens qui fait écho à toute une mystique.
Le tissage est donc ancré dans un riche et complexe système de croyances et de normes.
Aujourd’hui, le Faso Dan Fani est fièrement porté par les burkinabé. Attaché autour de la taille pour les femmes ou cousu en habits traditionnels pour les hommes, il est porté au quotidien mais aussi pour de grandes occasions.
Étant plus onéreux que le wax, le Faso Dan Fani est perçu comme élégant. Mais toutes les catégories sociales ne sont pas toujours en mesure de s’en procurer. L’importation d’imitations de qualité plus ou moins bonne mais surtout beaucoup plus abordables, ne permet pas de développer le marché localement. Il s’agit donc de sensibiliser les populations à une consommation réfléchie favorisant les tisserandes et artisans burkinabé. Cette sensibilisation passe notamment par la promotion du Faso Dan Fani dans la haute couture et le monde de la mode.
La tendance chez certains créateurs spécialisés dans le Faso Dan Fani est de s’inspirer des styles vestimentaires du pays et les mélangent aux tendances plus occidentales de la mode et de la haute couture.
Grâce à cette ouverture dans le monde de la mode, le Faso Dan Fani a encore un bel avenir devant lui. Avec le développement de la mode responsable et éthique, l’étoffe traditionnelle se chargera d’un nouveau symbole et incarnera des valeurs de solidarité et d’équité.
Le célèbre tissu du Burkina Faso est une source de fierté depuis des siècles, et ce savoir-faire se transmet encore de génération en génération.
Texte de Jacqueline Ngo Manyim-Ateba lu à l’occasion de l’évènement Me-Tissages (Mars 2024)
Photos : shutterstock
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Pour en savoir plus : LE PAGNE AFRICAIN, Discours et symboliques
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